La thérapie ICV |
L’ICV est une thérapie créée par Peggy Pace,
psychothérapeute américaine, au début des années 2000, qui est basée sur des
recherches en neurosciences portant sur l’anxiété, le trauma et l’attachement. Lorsqu’un événement trop difficile ne peut être « classé » dans la mémoire, il est déconnecté des autres
réseaux neuronaux et n’est pas vécu comme passé lorsque l’on se le remémore. Exemple : une personne ayant eu une grosse frayeur lors d’un accident
de voiture, qui se met à avoir des palpitations, des tremblements, à chaque fois
qu’elle remonte dans une voiture, même des années après l’accident. Elle a beau
savoir que l’accident est loin derrière elle, son corps réagit comme s’il ne le
savait pas. Explications : Un trauma peut être un événement grave ou non. D’ailleurs,
ce n’est pas l’événement qui fait trauma mais l’expérience que l’on en a. Une situation fera
« trauma » différemment selon les personnes, rien n’est évident. Et
cela peut être tout à fait anodin, surtout aux yeux des adultes que nous sommes
devenus. Il existe les grands traumas avec un grand T et les petits traumas
avec un petit t, tout aussi puissants dans leurs conséquences dans le présent. D’une manière très générale, le trauma existe lorsque la
situation a fait ressentir à la personne un sentiment d’impuissance et/ou la croyance qu'il allait mourir. Lorsque des événements du passé continuent d’influencer
notre comportement, consciemment ou non, nous réagissons dans le présent de façon
inadaptée à ce qui se passe dans nos vies : mauvaises décisions,
réactions défensives, évitements, colères excessives, anxiété alors qu’il n’y a
pas de difficultés particulières dans le présent… Les patients peuvent même dire « ma réaction est irrationnelle par rapport à la
situation ». C’est le « irrationnel » qui peut faire penser à un
trauma encore vivace. Parfois même les patients savent pourquoi ils ont réagi de cette
manière. Ils connaissent le lien avec le ou les événements mais cela ne suffit
pas : « je sais pourquoi mais je ne peux pas m’en empêcher ! ».
Le trauma est comme une prison. En effet, intellectuellement, c’est compris que c'est du passé mais ce n’est
pas suffisant. Le corps et le système émotionnel n’ont pas compris que c’était
fini. Ces événements « non digérés », « non classés » seront déconnectés des autres circuits neuronaux et ne seront pas vécus comme passés. Ces parties non intégrées pourront agir de leur côté, justement en dehors de toute réflexion et volonté et donneront l’impression au patient d’agir de manière irrationnelle. La situation traumatique sera stockée dans le corps et non dans la mémoire autobiographique.
Fonctionnement de l’ICV : Dans
le présent, nous sommes tous faits de nos différents
âges, de nos différents états émotionnels (états du Moi). Nous
grandissons mais
nous sommes faits du bébé, de l’enfant de 1 an, de 2 ans... A l'image des poupées russes qui s'intègrent les unes dans les autres.
Si un ou des états
du Moi ont été en difficulté, il ne sont pas intégrés et agissent encore dans
le présent. L’ICV est une thérapie psycho-émotionnelle qui va aider à
« digérer », intégrer ces événements, ces différents états du moi en
« électrons libres » dans le cerveau en les reliant avec d’autres
événements de la vie du patient jusqu’au présent. Le patient réalise en
profondeur, ressent que tout est passé. Cela laisse place à une liberté intérieure, une
prise de recul sur sa propre vie, une meilleure confiance en soi (un Moi plus
solide et aimable) et surtout une meilleure régulation émotionnelle. Le patient n’est
plus coincé dans le passé. La thérapie ICV permet également de « réparer ». Quand les faits ont eu lieu dans l'enfance ou à l'adolescence, une fois que le patient aura ressenti que l'événement est du passé, il pourra avec l'aide du thérapeute imaginer apporter du réconfort, de la justice à son petit Moi du passé qui n'a pas reçu de protection des adultes de l'époque. C'est ce que l'on appelle le reparentage.
Comment se passent les séances ?
L’ICV ne se base pas sur le verbal. Parler encore et encore du traumatisme n’aide pas le patient à le dépasser. Au contraire cela consolide les réseaux neuronaux liés à l’événement. Selon ce que nous travaillons, les protocoles utlisés ne seront pas les mêmes (un trauma précis sur un patient bien stable émotionnellement ou des événements traumatiques répétés pendant l'enfance).
L’outil commun et original de l’ICV est une ligne du temps, sorte de frise chronologique que le patient établit seul ou avec le thérapeute. Il s’agit d’une liste de souvenirs (un par an, voire deux ou trois). Le thérapeute n’a pas besoin de connaître tous les détails des souvenirs. Les moments douloureux doivent y figurer en étant mis en évidence. Les autres peuvent être anodins, joyeux.
Cette ligne du temps sert de base pour relier tous les
morceaux de vie, tous les différents états du moi. Le
thérapeute lit cette ligne du temps au patient qui va
visualiser un à un les souvenirs de manière chronologique et répétée
(parfois
15 à 20 répétitions dans une séance). Pour un événement
traumatique précis, la ligne du temps commencera d'abord après
l'événement jusqu'au
présent. La répétition de la ligne du temps relance l’intégration
neuronale et la sensation du temps qui a passé ainsi que la capacité innée du système corps esprit à se guérir. A chaque visualisation de souvenir, les réseaux de neurones se connectent les uns aux autres afin de dater les événements passés et faire en sorte que le corps n’y réagisse plus malgré nous. Sentir dans son corps que le passé est terminé est ce qui assure le changement.
La thérapie ICV n’a de sens que dans une perspective collaborative. Il est important que le patient informe son thérapeute sur ses sensations physiques, ses émotions ainsi que ses pensées pendant et entre les séances.
Comment de temps les suivis durent-ils?
L’ICV
n’est pas une thérapie brève. Elle peut l'être, encore une fois, pour
un événement traumatique bien précis sans antécédent particulier, avec
un patient qui a de la ressource (une à deux séances). Mais souvent, un mal être avec des systèmes de protection a pris le temps de s'installer pendant de nombreuses années. Il faut donc laisser du temps au temps et à la thérapie pour "détricoter" et assouplir ces systèmes de protection. Tout doucement le comportement sera plus adapté, les émotions plus facilement régulées. Le patient voit sa vie plus comme un ensemble, reconnaissant que c’est bien la sienne avec le sentiment d’être plus solide et aimable. Le
rythme est d'une séance toutes les deux semaines. Il est important de
s'y tenir au maximum car il s'agit d'intégration neuronale. Avec des
séances trop espacées, le travail sera beaucoup plus long et presque
innéficace. La visioconsultation est tout à fait adaptée à la thérapie ICV, les résultats sont les mêmes qu'en cabinet.
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